REPORTAGES

PHOTOGRAPHE ENGAGÉE ?

Je ne me suis jamais vraiment posée la question. Sans doute parce que j’ai horreur d’être enfermée dans une catégorie !

Si photographe engagée veut dire aborder un sujet avec quelque chose à prouver, une thèse à démontrer, je ne suis pas une photographe engagée. Dans mes projets personnels, par opposition souvent aux sujets de commande, je veux avoir la liberté du regard et de la découverte, c’est à dire celle de photographier sans consigne et sans à priori. Si j’entreprends un sujet avec une idée préconçue, je réduis mon champ de perception. Je ne révèle de la réalité que la part de vérité qui correspond à l’idée que je veux démontrer. Démarrer un sujet est le début d’une aventure : je ne veux pas savoir où je vais atterrir.

Je ne me sens pas limité au rôle de spectateur ou à celui d’acteur. Le photographe est tantôt l’un tantôt l’autre. S’il n’est que spectateur il devient vite consommateur, s’il n’est qu’acteur est-il encore photographe ?

Il me semble, au cours de mes reportages avoir plus le rôle de révélateur. Chaque photographe révèle par sa présence où son regard une parcelle de vérité. Il devient médiateur lorsqu’il donne à voir. La photographie est alors un lien entre acteurs et spectateurs.

C’est là sans doute mon engagement : dans le choix de donner la parole et de faire exister ceux qui sont dans l’ombre ; « Faites-nous sortir des murs de l’hôpital » me disait un malade. Oui, c’est là mon engagement…